1970-1994 : une jeunesse apolitique

Coco Mulongo est né le 27 décembre 1970 à Kinshasa, République du Zaïre. Son père est Georges Mulongo Misha Kabange qui fut 2ème vice-président du comité central du Zaïre entre 1982 et le 11 janvier 1988 date de sa mort. Coco Mulongo passe toute son enfance à Lubumbashi où il termine ses études secondaires à l’institut Maadi de la Gécamines.

Il a 17 ans lorsque son père meurt dans des circonstances suspectes. Les rumeurs d’empoisonnement vont bon train et toute la famille Mulongo est dégoûtée de la politique à qui on attribue le décès du père. Il en va de même pour le jeune Coco qui jure alors de toujours rester à l’écart de la politique active.

Deux ans plus tard, Coco Mulongo part vivre en Afrique du Sud pour poursuivre sa formation. En ce mois de décembre 1990, le monde entier célèbre Nelson Mandela qu’on a libéré quelques mois plus tôt. C’est la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et le jeune homme assiste stupéfait à une révolution pacifique.

Il découvre la liberté d’expression et une forme de démocratie en Afrique. Coco s’étonne de ce que le nouveau pouvoir noir tolère que les blancs maintenant dans l’opposition puissent continuer à s’exprimer. Nelson Mandela a demandé aux noirs de pardonner aux blancs qui vivent en Afrique du Sud. Coco en est persuadé, c’est la voie que l’Afrique moderne doit suivre. Il fréquente des étudiants membres de l’ANC et partage leur idéaux. Mais à ce moment, il reste farouchement opposé à toute implication personnelle en politique.

Ebranlé par la fin de la guerre froide, le tout puissant Mobutu autorise le multipartisme le 24 avril 1990. Jusque là, Coco n’a connu que la dictature du parti unique MPR de Mobutu.

A Joburg, Coco ne peut s’empêcher de comparer le totalitarisme du MPR à l’apartheid de l’Afrique du Sud. Au Zaïre, Tshisekedi est la figure de proue de l’opposition non armée. C’est le seul à réclamer ouvertement le départ de Mobutu.

Coco apprécie son courage, son nationalisme et sa constance idéologique. Mais il a des doutes sur sa détermination à prendre le pouvoir. Tshisekedi est catégoriquement opposé à l’idée de prendre les armes. Comme beaucoup, Coco le considère alors comme l’éternel opposant et pense que seule la lutte armée ou un putsch est capable de renverser Mobutu.

En 1994, sa famille à Lubumbashi l’informe de la tragédie des Kasaïens qu’on chasse en masse du Katanga. Cette opération est organisée par Mobutu qui utilise Kyungu Wa Kumwanza pour martyriser les ressortissants Baluba du Kasaï qui vivent au Katanga. Ils sont suspectés de sympathie pour l’UDPS à cause de leur origine ethnique. Ce pogrom brutal disloque le tissu social du Shaba où les mariages inter-ethniques sont légions. Le tissu économique est déstabilisé et les pertes humaines est énorme. Coco a laissé beaucoup d’amis d’enfance d’origine kasaïenne à Lubumbashi, il désapprouve ce drame. Les nouvelles du pays rapportent alors les paroles de Tshisekedi 1er Ministre de la Conférence Nationale Souveraine : “Kuyngu n’est qu’une pierre lancée sur les kasaïens, il faut stopper celui qui l’a lancée…”, allusion à Mobutu. Coco Mulongo y perçoit deux valeurs rares en politique africaine : le pardon et la justice. Il éprouve alors une vive sympathie pour Etienne Tshisekedi.

En juillet 1996, Coco Mulongo revient vivre à Lubumbashi pour poursuivre à l’UNILU des études universitaires en économie pure industrielle. De retour chez lui, il constate amèrement la crise économique qui règne au Shaba. Politiquement, la période est trouble et nul ne peut prédire l’avenir. A l’Université, Coco Mulongo initie la pratique des forums économiques qui permettent un dialogue plus poussé entre le corps enseignant et les étudiants. Il est également élu Président de l’équipe de football de la faculté d’économie et goûte pour la première fois la griserie du plébiscite. Malgré cela, il continue à rester à l’écart de la politique.


La Gécamines en 1979

Coco Mulongo, Johannesburg 1992

Mobutu Sese Seko

Nelson Mandela

Etienne Tshisekedi en 1992