2011 : Souvenirs de la campagne législative.

Le lendemain, Félix Tshisekedi et Rémy Masamba pressent Coco de présenter sa candidature aux élections des députés nationaux pour la circonscription de Lubumbashi sur la liste UDPS. Il est d’abord stupéfait par la requête. Il demande un délai de réflexion mais cette fois, il accepte le lendemain. Dans l’entourage de Coco, à part quelques positivistes forcenés, personne n’y croit.

Comment réunir un budget si vite pour une campagne efficace? Coco est katangais de l’ethnie des balubakat et l’UDPS a une étiquette tribale, celle d’un parti de Kasaïens. Et surtout, les premières tentatives sont rarement couronnées de succès face à d’autres candidats notoires et fortunés. Ces trois difficultés, Coco va les transformer en tremplins. Pour le budget, il adopte les techniques de la guérilla marketing qui consiste à utiliser les vecteurs de communication les meilleurs marché tout en suivant son business plan avec rigueur. Certes, c’est fatiguant de sillonner toutes les communes avec un parlophone. Mais ça paye, surtout si vous osez aller là où les autres hésitent à se rendre. Ses meetings grossissent de jour en jour, les Télévisions locales s’intéressent à lui. Un katangais dans une liste de l’UDPS, les journalistes aiment ça. Les kasaïens de Lubumbashi voient un espoir en ce mulubakat qui s’oppose à l’idéologie de Kabila et qui s’adresse à eux comme à des frères.

Les mois passent et arrivent les premiers sondages publiés sur facebook par les media locaux. C’est bizarre, le nom de Coco Mulongo n’y figure nulle part. Autrement dit, aucun sondé n’aurait cité son nom. D’abord KO, son équipe de campagne finit par douter de la l’honnêteté de ce sondage. Ils reprennent courage et décident de « mettre le paquet » dans la dernière ligne droite. Une semaine avant le suffrage, de nouveaux sondage font apparaître Coco Mulongo en 3ème position derrière son co-listier Fabien Mutomb et Kyungu Wa Kumwanza qui est le premier. Mais Coco est toujours aussi sceptique sur la valeur de ses sondages qui font du yoyo.

Le 5 novembre 2011, le cortège de présentation des 13 candidats de l’UDPS traverse Lubumbashi. La marche est parfaitement en règle et a reçu l’autorisation de l’administration publique. Il arrive devant la digue, à la zone Kenya et doit passer devant le siège de l’UNAFEC, le parti de Kyungu Wa Kumwanza. Les milices de ce parti refusent catégoriquement de passage du cortège dans leur rue. Coco Mulongo est en tête de la marche. Il tente de parlementer avec eux et leur rappelle la loi électorale sur les partis politiques; cette marche est parfaitement légale. Personne ne veut céder d’un côté comme de l’autre. L’affrontement est inévitable. Face aux marcheurs pacifiques de l’UDPS, des hommes équipés d’armes blanches. Le bilan fait état de nombreux blessés parmi le cortège de l’UDPS. Et un décès, celui de monsieur Kabeya.

La dernière semaine est un marathon pour toute l’équipe de campagne qui ne dort que quelques heures. Bien connu par les amateurs de football, Coco fait imprimer 20.000 « cartons rouges », une reproduction de carton rouge d’arbitre qui est adressé au pouvoir en place. Cette formule fait un tabac et on voit dans les rues des électeurs qui exhibe haut et fort leur carton rouge sur lequel on n’a pas manqué d’ajouter le numéro 539 du candidat Coco.

Le suffrage pour les élections présidentielles et législatives a lieu le 28 novembre 2011 dans toute la République. A Lubumbashi, au vu et au su de tous, on bourre les urnes, des bulletins de vote sont détruits et le recensement présente des aberrations. Il faut maintenant attendre le verdict de la CENI.

Les résultats de la présidentielle sont publiés une dizaine de jours plus tard. Kabila est proclamé vainqueur avec 48% devant Tshisekedi 32%. Selon Coco, c’est un hold-up électoral dénoncé par tous les observateurs étrangers. Le président de la CENI Ngoy Mulunda offre la victoire sur un plateau à Kabila. S’ensuit pour Coco une période de découragement total au point d’en tomber malade. Après la tricherie des présidentielles, il ne croit plus à ses chances pour la députation nationale. A quoi bon ces excellents sondages si le dépouillement des législatives est également sujet à tricheries? Un mois durant, l’équipe de campagne attend fébrilement les résultats et se perd en conjectures alimentées par la suspicion et les rumeurs.

Le 11 janvier 2011, Coco Mulongo est à la messe familiale donnée en souvenir de la mort de son père 23 ans plus tôt. Il se souvient qu’étant jeune, ce sont les circonstances troublantes de qui l’avaient décidé à ne jamais faire de politique. A cet instant, on l’informe qu’il est passé député de Lubumbashi. Coco Mulongo fait partie des premiers députés élus de l’histoire de l’UDPS appelés à siéger au Parlement.

Coco Mulongo s’installe à Kinshasa le 2 jours avant l’ouverture officielle du Parlement.


Coco Mulongo en campagne en 2011

Coco Mulongo et Fabien Mutomb